Lettre d’un chômeur à son amante
Mon amour,
Quelque enthousiaste que je serais à l’approche de la St Valentin, ne pourrais-je pour autant empêcher l’étiolement du voile de notre quotidien, laissant transparaître depuis deux ans au rythme de nos manques, les reliques d’un amour fatigué, s’étranglant à petit feu.
Le chômage s’est introduit sous nos draps. Il a rafraîchi nos baisers, frigorifié nos ébats.
Quel effort pourtant n’avions nous pas consentis ? Ne sommes nous pas licenciés? Fallait-il que tu acceptes cette forme de prostitution déguisée qui consiste à être à la fois employée et maitresse? Fallait-il que je me prête à la réconfortante mode de la relativité morale ambiante et troquer ma dignité contre une relative prospérité ?
Les vertus ici s’arrêtent aux portes des intérêts! Et l’amour n’est plus qu’un tonneau vide déambulant sur le boulevard des faux semblants. L’État se résume au pillage, gaspillage et maquillage de développement! La création d’emploi s’arrête là où la famille et les amis avares ont trouvé quelques satisfactions.
Toutefois, que ce tableau désolant ne nous prive d’y peindre ce 14 février en lettres roses les traits éternels de notre amour. Et de l’espoir, à la grandeur de l’histoire tumultueuse de notre cher pays. Haïti finira par se relever. Nous finirons par trouver du travail et notre histoire de ses cendres scintillera!
Je t’aime.
Max
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