Haïti : ras-le-bol du double langage démagogique de l’opposition

22 mai 2014

Haïti : ras-le-bol du double langage démagogique de l’opposition

Membre de l'opposition apprehendeFace au passé dictatorial macabre et ingrat que traîne Haïti, deux types de politiciens se sont dessinés au fil des péripéties de la démocratie encore chancelante, à ses premiers balbutiements, mais souvent étouffés dans un tohu-bohu d’intérêts divers et souvent contradictoires. 1

D’un côté, celui qui considère le passé comme un pivot pour construire un lendemain meilleur où l’humain sera la mesure de toute chose. Où personne ne sera inquiété pour ses opinions fussent-elles à contre-courant du chef de l’État. Où le mari ne sera plus jamais arraché de la couche encore chaude de sa femme pour être jeté dans la froidure intenable de Fort-Dimanche. Torturé, blessé, violé. Tout ceci, sans aucune forme de procès.

De l’autre côté, il y a celui qui instrumentalise le passé pour mieux l’asservir à ses pulsions de pouvoir aussi mortifères pour la jeune démocratie que pour la stabilité immédiate du pays. Ces brasseurs de vent, habiles au maniement des mots (maux), brandissent à un rythme insoutenable depuis 1986 à chaque peccadille le « spectre de la dictature ».

Je n’ai personnellement aucune affection particulière pour l’administration en place que je trouve par ailleurs, malgré la légère couche de bonne volonté vernissant sa surface fragile, moins prompte à hisser ses « réalisations concrètes » à la hauteur de ses « campagnes de propagande« . Ce qui m’écoeure c’est le degré d’hypocrisie de l’entité dénommée « opposition 2« , pilier de toute démocratie dans ses prises de position face au pouvoir.

 Vle pa vle, fòl ale 3

Il est de bon ton et de bon sens de ne pas vouloir une chose et son contraire à la fois. L’opposition plaide pour la stabilité des institutions du pays, mais ne s’empêche pas de militer sur le terrain pour la déstabilisation du premier gage de stabilité démocratique qui est l’alternance périodique aux postes électifs. Selon la constitution haïtienne, le président est élu pour 5 ans. Point. Les quelques hésitations et emmêlages de pinceau du président au regard de la conjoncture ne justifieraient pas qu’on plonge le pays dans le chaos pour le plaisir de donner une leçon à quelqu’un qui à lui seul symbolise l’échec de la classe politique haïtienne gérontocrate, étriquée et rétrograde.

Arrestation illégale

La loi est une pour tous. Nul n’est au-dessus de la loi psalmodient-ils à longueur de journée sur nos ondes. Mais, semble-t-il que cette loi devrait être impartiale seulement quand il s’agit de leurs opposants. À chaque militant politique arrêté, la meute se lance, le message préparé d’avance: arrestation politique, oppression et patati et patata.

Bien que le président a fait montre d’un penchant inquiétant pour le totalitarisme, rien n’oblige nos chers politiciens à avoir si peu de foi dans une justice qu’ils ont grandement contribué à construire. En Haïti, à la différence de nombreux pays, un certain degré de transparence dans les procès et le respect de certaines normes universellement admises rendent plus facile la défense d’un accusé. Et ce, c’est sans compter les pressions de la communauté internationale, des organismes de défense des droits de l’homme et de la société civile plus ou moins bien informée par une presse qui, jusqu’à preuve du contraire, asservit telle entité au détriment d’une autre pour ses propres mesquineries pécuniaires, mais non par une répression systématique comme c’est le cas dans certains pays dictatoriaux.

Les manifestations font partie de la vie démocratique. Elles ne doivent en rien servir de prétexte pour que des anarchistes détruisent sans la moindre décence ni retenue les biens publics et privés. Ceux qui se sont rendus coupables de tels actes doivent rendre compte devant la justice. Ça se passe ainsi dans tout pays civilisé.

Le jour où l’opposition haïtienne s’attardera au détour d’un de ses échecs pour réfléchir sur le sens profond de concepts comme, l’égalité, la justice, le bien commun, vivre ensemble dans la différence, le pays ne se portera que mieux et la saison des fleurs prendra vie sur la démocratie.

 

 

 1- Les opinions exprimées sur ce blog n’engagent que moi. Elles ne reflètent en rien la ligne éditoriale de la Télé Caramel.

 2- Je ne fais pas ici référence à une entité ou organisation politique particulière, mais plutôt l’opposition d’une manière générale telle qu’elle s’est toujours manifestée à moi. Donc, il faut enlever de ce groupe les partis ou collectifs œuvrant au respect des normes démocratiques et ne s’adonnant pas aux pratiques que je critique.

 3 -Du créole, cri de ralliement de manifestants lors des protestations : »De toute façon il doit s’en aller »

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