Pourquoi la jalousie est antidemocratique ?

11 juin 2014

Pourquoi la jalousie est antidemocratique ?

jalousieWilliam Shakespeare disait que « La jalousie est un monstre aux yeux vert qui produit l’aliment dont il se nourrit ». Rien de plus vrai en effet, car, si on définit la jalousie amoureuse comme une émotion empreinte d’agressivité qui résulte de la peur de perdre l’être aimé ou l’exclusivité de son amour au profit d’un autre, il n’en est pas moins  vrai que nombre de fois, elle ne repose que sur l’imagination et non sur des faits avérés.

Je souhaite souligner deux choses dans cette définition qui font que, de mon point de vue, la jalousie ne peut être qu’antidémocratique:

Peur de perdre :
1-L’être aimé
2-L’exclusivité de son amour

J’imagine déjà les protestations de ceux qui vont arguer que la vie amoureuse n’entre pas de le cadre d’une quelconque théorie et que trop subjective elle ne saurait être cernée. Du calme les gars ! Je répondrais volontiers, et gentiment, que la démocratie est un ensemble de valeurs qui devrait avoir son emprise sur toutes les dimensions de la vie sociale… et que se comporter de telle ou telle autre manière dans une situation donnée est corollaire de la conception qu’on se fait de ces valeurs et de la société.

Bon, passons

La jalousie serait cette crainte intenable, souvent injustifiée, de perdre l’être aimé. Est-il besoin de rappeler que le temps où l’on pouvait posséder une personne humaine est révolu ? Une relation c’est d’abord un accord, exprimé ou tacite, entre deux individus qui désirent mieux se connaitre, profiter de la vie, faire des projets d’avenir en communs etc. De mon point de vue, il y a autant d’attentes, d’aspiration qu’il y a de couple. Ainsi, on ne possède pas l’autre, et quand il décide de s’en aller, en l’exprimant ou en l’insinuant, c’est qu’il/elle a fait le choix de rompre ce pacte. Puisque légalement, le pacte dissous raye les obligations qui liaient les parties, on a qu’à s’y faire et passer son chemin. Arrêtons de chialer…

Et encore, faut bien que ça soit justifié car, la majeure partie de nos jalousies est inventée. La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 veut que la liberté soit le pouvoir de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Pour ma part, je ne vois pas en quoi ça me nuirait qu’une personne que je prétends aimer, trouvant son bonheur ailleurs, me quitterait. A moins que son bonheur me soit nuisible.

Par ailleurs si on ne possède pas la personne, on ne peut pas non plus posséder ses sentiments. Ainsi, est-elle libre d’aimer qui elle veut et quand elle le veut. C’est pas parce qu’on a le fric qu’on achètera forcément la voiture la plus chère, ainsi, ce n’est pas parce ce qu’un homme/femme est à notre portée qu’on voudra inévitablement l’avoir dans notre lit.

Cela dit, cette appréhension de PERDRE l’autre est attentatoire à ce qu’il a de plus cher à savoir sa LIBERTÉ.

Si des fois, on n’a pas peur de perdre physiquement la personne, on craint par contre de perdre « l’exclusivité de son amour ». Une autre compromission de la liberté de l’autre car si légitimement on peut prétendre réclamer son amour, on n’en est pas EXCLUSIVEMENT détenteur. J’y vois là une dérive fasciste au relent totalitaire. Une personne n’est jamais un ordinateur réagissant au bon vouloir de son proprio mais un ensemble complexe de sentiments, de penchants et de VOLONTÉ. C’est à elle et elle seule de décider qui mérite ou pas son attention/sentiments/amour. Déjà que ça dépend même pas de lui dans la majeure partie des cas.

Du reste si on ne décide pas d’aimer, on peut par contre préférer de garder quelqu’un dans sa vie et c’est là que la longévité/viabilité des relations se joue.

La jalousie n’a jamais été une preuve d’amour mais plutôt une maladie, une paranoïa, un profond irrespect qui agit comme une gangrène dans la chair fraiche et vivace de nos relations. Non guérie, elle ne cessera de grandir, de grossir et de s’amplifier jusqu’à exterminer la dernière cellule de sentiment qui restera. Bâtissons nos relations sur la CONFIANCE et la totale LIBERTÉ des uns et des autres… et dormons sur nos deux oreilles… l’œil ouvert quand même.

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