Je suis Charlie et je l’assume

30 avril 2015

Je suis Charlie et je l’assume

(c) andrelevattep.deviantart.com/
(c) andrelevattep.deviantart.com/

Le temps posé de la réflexion suit toujours l’effervescence de l’émotion. Encore plus si l’émotion est telle qu’elle a charrié dans un élan formidable la ferveur et la fureur de citoyens du monde entier. De Paris à Port-au-Prince, de New York à Dakar.

Certains ont dès le départ refusé de penser avec la foule. Car dit-on, la masse est un déni de la réflexion. Ils ont refusé l’intuition populaire, ils ont refusé d’être Charlie à tout prix. Les raisons avancées sont compréhensibles, parfois réfléchies mais toujours légitimes !

Je n’ai pas été abonné, ni lecteur donc encore moins adhérent à la ligne éditoriale du journal de satire. Par contre, je n’avais pas besoin de « Charlie Hebdo » pour être Charlie.

J’étais Charlie parce que la liberté de dire et de se taire, la liberté de tourner en dérision et de magnifier sont les traits communs de la viabilité de tout système démocratique. J’étais Charlie parce que le droit à la vie, le droit de ne pas être persécuté pour ses opinions ou sa vision du monde ne sont pas négociables, si l’idée est de construire une société du vivre ensemble dans la différence et dans les limites de la loi.

Tant pis si les événements qui s’en suivront ont montré qu’on ne se mobilise pas de la même manière, que l’indignation n’est pas aussi piquée à vif, suivant qu’on est mort sur le continent africain ou  européen. Tant pis si des fossoyeurs de la liberté d’expression ou des marchands de la haine se sont honteusement accaparés de la catastrophe pour persécuter une communauté, un groupe ou une orientation religieuse.

En tant qu’être humain, j’incarne les victimes de l’intolérance et de l’ingérence, de la misère et de la faim, des frappes de drones sur les civils ou des attentats kamikazes. Je ne suis pas seulement Charlie, je suis aussi tout ce qui devrait et doit révulser la conscience humaine, et je l’assume.

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