7 août 2015

Le français menace-t-il le créole ?

La délégation haïtienne au Forum Mondial de la Francophonie. Photo : Didier Diempi Gabiam
La délégation haïtienne au Forum mondial de la Francophonie. Photo : Didier Diempi Gabiam

« Dans le jardin, les fleurs sont multiples mais l’eau est une. » Cette phrase aux allures de mantra d’Abd Al Malik pourrait bien résumer le Forum mondial de la Francophonie. Organisé dans la magnifique ville de Liège (Belgique) du 20 au 23 juillet cette année, il a été le prétexte pour réunir des jeunes créatifs du monde entier autour de la langue française.

Étant porteur de projet, j’y ai rencontré 4 autres compatriotes haïtiens qui à eux tous n’ont pas pu m’empêcher de me perdre avec plaisir dans les labyrinthes de la ville.

Le jour avant notre départ, j’ai improvisé avec eux une petite émission, Place Saint-Lambert. En droite ligne avec l’actualité en Haïti, je leur ai demandé si le français représente une menace pour le créole.

Le problème est complexe et les façons de l’aborder sont multiples. Selon Sandy Antoine, la « diabolisation du français » vient d’un retournement de l’histoire. Ayant pendant longtemps catégorisé le français comme langue d’élite, maintenant, les gens commencent à s’élever contre cet héritage.

Pour Qualito Estimé, « dans le contexte mondial aujourd’hui, aucune langue ne peut représenter une menace pour une autre langue ». Il salue les différents travaux effectués pour standardiser la langue notamment la récente création de l’Académie créole. Manus Fleury souligne lui comment la pluralité des cultures est bénéfique pour la diversité.

Journaliste spécialiste des questions culturelles, Vincent Meem Shoomeatove avance que les créolophones devraient plutôt tirer leçon de la francophonie et lance l’idée d’un festival ou d’un « Forum mondial du Créole ».

Je vous invite à découvrir l’entrevue tournée sur « Place Saint-Lambert » à Liège. Je remercie le Liégeois Didier Diempi Gabiam dont la sympathie et « l’amateurisme » très professionnel ont permis la réalisation de cette vidéo.

Partagez

Commentaires

Serge
Répondre

Pour un intellectuel comme Manue Castells, la réponse est oui !
Et pas seulement le français, l'espagnol aussi, et le portugais. Il faut plus valoriser nos langues...

Widlore Mérancourt
Répondre

Je suis d'accord sur le fait qu'il faut valoriser nos langues. Mais, il ne faut pas forcément rentrer dans une logique de confrontation ou de dénigrement d'une langue "perçue" comme illégitime. Moi, je m'efforce de parlais le francais, l'anglais et l'espagnol. Pourquoi ? Parce que c'est nécessaire aujourd'hui !

Qualito Estimé
Répondre

Je suis content de pouvoir enfin visionner ce beau souvenir, merci mon ami. En effet, l'expérience du bilinguisme haïtien n'est pas unique au monde et nous pouvons apprendre des autres peuples qui ont su progresser dans de tels contextes linguistiques. Quand je dispense des cours de littérature française du 16e siècle pour mes élèves; lorsque j’aborde les débuts de l'enrichissement et du soulèvement (si je puisse dire ainsi) de la langue de Malherbe sous les jougs du Latin, je fais toujours un parallèle avec notre Créole par rapport au français qui aujourd'hui est en train de prendre son envol pour de bon. Le créole haïtien sans entré dans une concurrence stupide avec une autre langue quel-qu’elle soit peut devenir une langue beaucoup plus forte si on travaille tous à faire en sorte qu'elle puisse traduire nos idées philosophiques et nos travaux scientifiques.
Et je suis convaincus avec Noam Chomsky que nous devons commencer par enseigner nos enfants dans leur langue maternelle en Haïti.
Merci encore pour cette belle entrevue mon ami!!

Widlore Mérancourt
Répondre

Au plaisir de nous rencontrer à nouveau pour d'autres discussions mon ami !